Le cuir, une passion Marocaine

Le cuir, une passion Marocaine

Depuis des millénaires, les hommes travaillent la peau, l’adaptent au gré de leurs envies. Matières vivantes que la patine du temps embellit encore, elle est indissociable du Maroc depuis le XIVème siècle, date à laquelle l’Europe e prit la passion pour le travail exceptionnel des artisans de notre pays, attribuant même le nom de « Maroquinerie » à l’ensemble des produits à base de cuir.

Impossible de dater le début du travail du cuir au Maroc. Une certitude cependant, au IXème siècle déjà, il est travaillé dans toutes les villes du Royaume et s’exporte, vers Bagdad et le Moyen-Orient notemment vêtements harnachements, mobilier, babouches, sacoches ou somptueuses reliures…Le cuir investit tous les domaines, sa souplesse et sa robustesse faisant partout merveille. A chaque peau, un usae particulier, selon ses qualités propres : le cuir de l’agneau, réputé pour sa finesse, est le plus adapté à la confection de vêtements ; le cuir de vache, plus épais, s’apprête plus à la fabrication de bagages, manteaux et babouches, le cuir de chèvre, plus rugueux, convient parfaitement aux poufs.
Babouche cuir poitue princesse
Les techniques s’affinent, la créativité également. Broderie, excision, ecorchage, …l’inventivité des artisans semble infinie et voici que chaque ville se spécialise : à Marrakech, les broderies de couleur ou les fines lanières de cuir, les selles de cheveaux ou de dromadaires ainsi que les harnais d’apparat; à Fès, les dorures sur cuir ; à Rabat, le cuir repoussé.

Fès et Marrakech comptent encore aujourd’hui des quartiers entiers avec leurs cuves colorées où les tanneurs continuent de s’activer, offrant un spectacle incroyable totalement hors du temps. Cependant, les artisans ont su s’ouvrir aux influences et aux tendances nouvelles, oscillant entre tradition, authenticité et modernité.
poufs marocains en cuir

A la robustesse et la souplesse de la matière s’ajoute aujourd’hui une finesse d’exécution et une créativité infinie pour parer poufs, coussins, sacs ou babouches de mille et une décorations subtiles, pour le plus grand « plaisir des yeux ».
Mieux encore, au Maroc comme partout dans le monde, la maroquinerie a investi l’univers de luxe et l’influence de la mode s’exerce sur les formes mais également sur les couleurs ou les matières utilisées.

Le cuir se fait parfois dentelle ou se pare de perles, de métal comme nous le propose la styliste Frédéric Birkemeyer. Ses collections originales d’ensembles, vestes et manteaux, présentées dans sa boutique « intensité nomade », sont cosmopolites, éclectiques et chics, à l’image de la ville ocre, à l’image de cette native de Marrakech, amoureuse des belles matières et du bel ouvrage. Attirée par la souplesse et la beauté du cuir et du daim, elle développe en collaboration avec les tanneurs, des coloris spécifiques, des matières nouvelles comme le vernis si tendance aujourd’hui.

Producteur de cuir depuis des siècles, le Maroc a su adapter son savoir-faire au fil des siècles. Et si tant de touristes continuent de ramener dans leurs valises poufs et babouches colorées, le cuir marocain a fait sa place dans les boutiques et d’accessoires les plus selects, dans le Royaume comme au-delà de ses frontières. Le travail du cuir au Maroc a donc de beaux jours devant lui.

Par Alicia Célerier